Il y avait une fois une bonne petite fille, aimée de tous ceux qui la voyaient, mais surtout de sa grand-mère, qui ne savait rien lui refuser. Celle-ci lui fit présent d’un petit chaperon de velours rouge, et, comme il lui allait très bien, et qu’elle ne s’habillait plus autrement, on l’appela le petit Chaperon rouge.
Un jour sa mère lui dit :
– Viens, petit Chaperon, voici un morceau de gâteau et une bouteille de vin, porte-les à ta mère-grand ; elle est faible et malade, cela lui fera du bien. Mets-toi en route avant qu’il ne fasse trop chaud et, quand tu y seras, va bien gentiment ton chemin sans courir à droite et à gauche ; autrement tu tomberais, la bouteille se casserait et la grand-mère n’aurait plus rien. Quand tu entreras dans sa chambre, n’oublie point de dire bonjour, et ne commence pas par aller fureter dans tous les coins.
– Je suivrai bien vos recommandations, répondit le petit Chaperon à sa mère, et elle lui donna sa main.
Ainsi débute "Le petit chaperon rouge", tel que raconté par les frères Jacob et Wilhem Grimm en 1812. Ils ne sont pas les premiers, en France, Charles Perault avait déà publié ce conte - dans une version différente - un peu plus de 100 ans auparavant; en 1697. Mais, bien-sûr, le conte était là bien avant - personne ne sait depuis quand exactement, mais on sait pour sûr qu'il y était déjà au XIieme siècle.
Selon les pays, les régions, les époques, le conte change; parfois plus enfantin, parfois plus effrayant, parfois, même, plus érotique - il symbolise - selon certains - la puberté et le passage au monde adulte le rouge étant, bien entendue, celui du sang menstruel...
Il est évident qu'un conte pareil - enfantin mais pleins de références sexuelles - avec son loup (garou) symbolisant le mâle ne pouvait qu'inspirer les cinéastes, autant ceux de film de genres que les plus sérieux...
Et, en effet, ça n'a pas pris de temps. Dès 1901: Le petit chaperon rouge, un film de Georges Méliès avec Rachel Gillet dans le rôle du petit chaperon rouge.
Suivent, rapidement, d'autres adaptations: Le petit chaperon rouge des frères Pathé en 1907, Little Red Riding Hood de James Kirkwood en 1911, Little Red Riding Hood de l'anglais A.E. Coleby toujours en 1911, Little Red Riding Hood de 1922 avec l'actrice-enfant à la mode à l'époque Baby Peggy, Le petit chaperon rouge du français d'origine brésilienne Alberto Cavalcanti avec Catherine Hessling dans le rôle du petit chaperon rouge et Jean Renoir dans celui du loup et pleins d'autres...
Et ça continue... Mais, globalement, le petit chaperon rouge est le moins populaire des contes en ce qui touche les adaptations cinématographiques - la petite arrive loin derrière Cendrillon, Blanche-Neige et Barbe-Bleue qui sont à la fois plus cruels, moins enfantins et plus féeriques.
Le passage du petit chaperon rouge au film de genre s'effectue dans le début des années soixante avec une série de trois films mexicains de Roberto Rodriguez: La caperucita roja, Caperucita y sus tres amigos et Caperucita y Pulgarcito contra los monstruos.
Par le titre seulement - Le petit chaperon rouge et le Petit-Poucet contre les monstres - on comprend vite que le conte a été interprété assez de fois et qu'on entre maintenant dans le domaine du n'importe quoi.
Ça tombe bien, c'est exactement ça qu'on voulais!
En 1984, grâce à Neil Jordan, le loup est (finalement) garou avec The Company of Wolves. Par la suite, à part les adaptations littérales pour les enfants, pratiquement tous les films avec le petit chaperon rouge auront un loup-garou à la place d'un simple loup.
The company of wolves est un excellent film, probablement encore aujourd'hui le meilleur film sur le thème "petit chaperon rouge vs le loup-garou".
Si vous n'êtes pour voir qu'un seul des films mentionnés dans cet article, ça se doit d'être celui-ci.
Certaine transposition du conte sont également plus indirecte - on en reprend grosso-modo l'histoire, mais on y change le contexte et les personnages. C'est le cas de Freeway, un film de Matthew Bright sorti en 1996 et mettant en vedette Reese Witherspoon et Kiefer Sutherland.
Ici pas de capuche rouge et pas de galettes et de petit pot de beurre. Ça raconte l'histoire d'une jeune délinquante qui prend la fuite dans l'espoir d'aller retrouver sa grand-mère et, chemin faisant, rencontre un homme a priori charmant, mais qui s'avère un dangereux tueur en série.
Un peu trop mainstream à mon gout, mais un excellent film quand même, c'est une excellente variation sur le thème.
Dans l'excellent court métrage belge de Pieter van Hees Black XXX-mas sorti en 1999 chaperon y est une jeune black plutôt mignonne qui est aussi la fille du Père-Noel.
Le loup, lui, est un policier moustachu et cannibale profitant du fait que chaperon rouge fume un pétard pour l'appréhender. Du sang et des tripes s'ensuivent...
La vidéo, en bas, c'est pas un trailer, mais le film au complet. Ça ne dure que dix minutes et vous n'avez aucune raison intelligente de ne pas le regarder.
Et, tient, tant qu'à parler de cours-métrages avec le petit chaperon rouge dedans qui sont disponibles en entier sur YouTube, voilà aussi DysEnchanted, ou les principales poufs des contes de fées participent à une thérapie de groupe. Chaperon Rouge y est, là aussi, une noire plutôt jolie...
Comme on a vu dans DysEnchanted, ci-haut, Petit Chaperon Rouge n'est pas toujours, forcément, le personnage principal. Le "monde des contes de fées" est un endroit mythique qui fut matérialisé à l'écran plusieurs fois et où le petit chaperon rouge n'est qu'un personnage parmi tant d'autres qui habitent ce monde féérique.
C'est le cas de L'odyssée d'Alice Temblay, un film québécois de Denise Filiatrault avec l'ex chanteuse pop Mitsou Gélinas dans le rôle du petit chaperon rouge et Marc Labrèche dans le rôle du Loup. Ici une femme se retrouve projetée dans le monde des contes de fées d'oũ elle tente de sortir aidé d'un prince pas particulièrement charmant. C'est loin du chef-d'oeuvre, mais c'est un petit film rigolo qui se laisse regarder.
Similaire, mais complètement différent, Fairy Tales est un film de Harry Hurwitz datant de 1978. C'est une comédie relativement stupide qui n'a comme principal intérêt que d'avoir Linnea Quigley (encore toute jeune) dans le rôle de la belle au bois dormant. Petit Chaperon Rouge n'y a cependant qu'un rôle de figuration (ci-contre, en arrière plan, draguant le grand méchant loup lors d'une soirée mondaine).
Dans le téléfilm de Sheldon Wilson, Red: Werewolf Hunter, Virginia Sullivan, surnommée "Red" est la descendante directe de Petit Chaperon Rouge. C'est une lignée de chasseuses de loups-garous sans qui, bien-sûr, l'humanité serait perdue depuis longtemps.
Oeuvre torontoise produite par SyFi Channel, c'est le genre de film qui me donne le plus de fil à retordre lorsque je dois écrire quelque chose. C'est vraiment rien de grandiose, mais en même temps pas une daube totale non plus, c'est plutôt... moyen.
Bref un téléfilm que l'on regarde à la télé avec des annonces de shampoing aux quinze minutes parce que y'a rien d'autres aux autres postes...
Pour faire honneur à ma réputation, il me faut évidemment parler d'un film japonais avec pleins de jeunes et jolies écolières et les plans sous les jupes qui vont avec alors voici Red Sword, un film de Naoyuki Tomomatsu avec la géniale Asami Sugiura dans le rôle de Petit Chaperon Rouge.
Même si certains de ses films sont moins pires (comme Vampire Girl vs. Frankenstein Girl par exemple), Naoyuki Tomomatsu n'est pas particulièrement ce que l'on appelle un réalisateur de génie. Il focalise généralement beaucoup plus sur l'aspect sexe et tétons que n'importe quel autres et c'est souvent dommage. Ça l'est particulièrement ici parce que Asami est une Chaperon Rouge extrêmement cool et ses combats contre les loups-garous sont particulièrement agréable à regarder. Malheureusement, le film s'attarde beaucoup plus sur une écolière à la poitrine surdimentionée qui se fait violer par les garous et ça devient rapidement long et ennuyeux. Mais juste pour Asami, il vaut la peine d'être vu quand même.
Pour terminer, un insignifiant film mainstream aux images soignées, mais avec un scénario et des personnages ridicules: Red Riding Hood de Catherine Hardwicke avec Amanda Seyfried dans le rôle de Petit Chaperon Rouge.
Sorti en 2011, c'est un film pré-mâché avec pleins de beaux brummels bien coiffés et de jolie blondes naĩves (c'est la même réalisatrice que Twilight). Bref je m'y suis fait chier grave, mais comme je préparais cet article, c'était comme un passage obligé...
À éviter soigneusement.
Je n'ai fait qu'effleurer le sujet. Des films sur, ou avec, le petit chaperon rouge, il y en a des tonnes et de toutes sortes.
Avec son histoire simple, bourrée de symbolisme et que tout le monde connait par coeur, c'est une aubaine pour les cinéastes. C'est un personnage qui n'est pas prêt de disparaitre.
Et vous, avez-vous un film de petit chaperon rouge préféré?
Note pour plus tard : ne plus jamais regarder ton blog sur l'ordi familial (c'est trop l'affiche). Sinon merci pour les courts, je les regarderai très prochainement ! (celui avec la thérapie m'intéresse bien)
ReplyDeleteDésolé, moi et l'auto-consure on a une relation difficile...
ReplyDeleteC'est noté pour "red sword". Moi j'adore ce réalisateur même si il est vrai qu'il ne fait pas que des bons films.
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