February 27, 2012

小澤 マリア (Maria Ozawa)



Lorsqu'on me sait féru de cinéma alternatif asiatique, il n'est pas rare - voire presque systématique - que l'on me parle de Maria Ozawa, qui semble être la coqueluche des otakus du monde entier.

Malheureusement, vous m'en voyez navré, mais je n'ai pas grand-chose à en dire.

Au Japon, les actrices des films de genres ont pratiquement toujours un passé pornographique. Le phénomène existe aussi en Amérique du Nord - Jenna Jameson dans Zombie Strippers, Alexis Texas dans Bloodlust Zombies, Yurizan Beltrán dans Werewolf in a women's prison... - mais le phénomène demeure marginal. Pour les nippons, ça semble un pré-requis incontournable.

Du coup, étant amateur de cinéma de genre japonais, je me retrouve avec une certaine expertise en actrices pornographiques ou, comme on dit la-bas, en AV idols. Ca ne veut cependant pas dire que je suis amateur également de ces aspects de leurs filmographies respectives.

J'en conviens néanmoins que s'il existait une machine à fabriquer des femmes au physique parfait, celle-ci fabriquerait en série des Maria Ozawa (et je serais bien partant pour en avoir une).

Le problème c'est que si un passé pornographique semble un pré-requis pour le film de genre, l'inverse n'est pas forcément vrai et Maria Ozawa semble se complaire parfaitement dans ce premier genre.

Reste que comme elle approche de la trentaine (et commence, du coup, à avoir un peu plus de mou), elle commence, tranquillement à se tourner vers un cinéma plus dans mes cordes. Ça reste minime (du moins pour le moment).

Maria Ozawa est née en 1986 d'une mère japonaise et d'un père québécois. Pourquoi, alors, son nom de famille est "Ozawa" et pas Tremblay, Roy ou Thibodeau, je l'ignore.

Selon ses dires, c'est la plus parfaite des salopes. Elle a acheté son premier magazine pornographique dès l'âge de 13 ans et ses activités favorites sont la masturbation, se faire venir dans la face et jouer au hockey et aux jeux vidéos. Plus fantasme de jeune masturbateur boutonneux que ça tu meurs.

Contrairement à la plupart des actrices porno japonaises, elle n'a pas été recrutée puis difficilement convaincue, elle s'est rendue d'elle-même au studio parce que "c'est ça qu'elle voulait faire dans la vie".

Elle fait sa première incartade dans un film qui n'en est pas un strictement de cul en 2007. Sans trop s'éloigner non plus puisqu'il s'agit d'un petit film de vampire érotique. Il s'intitule Maid's Secret: Welcome Home (女仆的秘密之歡迎回家) et est réalisé par Waai Nakamura.

Maria Ozawa y partage la vedette avec Asami Seguira, qui - et c'est visible dès les premières minutes du film - s'avère une bien meilleure actrice bien quelle provienne, elle aussi, du monde de la pornographie.

Elles y jouent deux jolies vampiresses travaillant dans un maid café (un café ou les serveuses sont habillées en petites soubrettes) qui tentent de trouver l'amour auprès des humains.

C'est un film, au final et malgré quelques scènes amusantes, relativement insipide et ennuyant.




Elle participe, la même année, à une troisième série de films basée sur le personnage de Go Nakai Kekko Kamen. Elle y tient le rôle titre.

J'adore Kekko Kamen et j'ai dévoré les deux premières séries. Cette troisième série, bien que plus fidèle au matériel original, est moins inspirée et plus prétexte a montrer des tétons. Mais c'est peut-être qu'après avoir vu les deux premières séries ça devient un peu répétitif.

Maria Ozawa, en Kekko Kamen, est parfaite; son corps de rêve génialement mis en valeur par le costume révélateur de la super-héroine. Lorsqu'elle y joue en dehors de son costume, par contre, elle s'avère particulièrement inexpressive. Ma Kekko Kamen préférée, ça demeure Aki Hoshino (qui, elle, n'est pas passé par le porno!).





On la retrouve également dans des rôles mineurs ou de figuration, entre autre le pinku 艶恋師 (Irokoishi) avec Sola Aoi et le drame basé sur un manga 特命係長 只野仁 最後の劇場版 (Mr. Tadano's Secret Mission: From Japan With Love)

绝命派對 (Invitation Only) est un "torture porn" taiwanais de 2009 réalisé par Kevin Ko. Maria Ozawa y interprète le rôle secondaire d'une super hot top modèle qui fait baver les mâles. C'est un rôle qui lui convient assez bien.

Invitation Only ne fait pas de grands efforts pour cacher qu'il est un rip-off de Hostel. Il perd cependant beaucoup moins de temps en préambule que ce dernier et la super pitoune n'y est pas une blondasse est-européenne quelconque, mais Maria Ozawa. Il est un peu moins extrême au sujet des tortures et tout ça mais je l'ai trouvé meilleur.

Ça raconte l'histoire d'un chauffeur un peu moron qui se fait offrir par son patron d'aller le remplacer lors d'une soirée mondaine pour les ultra riches (a.k.a. le 1%). Sur place, il découvre que lui, et une poignée d'autres dans la même situation, y seront les victimes d'une soirée de meurtres et de tortures.

Sommes toutes un assez bon petit film.






En 2009 et 2010, elle devient la source de controverses en participant à deux films Indonésiens; Menculik Miyabi (Kidnapping Miyabi) et Hantu Tanah Kusir (Tanah Kusir Ghost).

L'Indonésie est un pays a majorité musulmane et le Front Pembela Islam - groupe prônant un islamisme plus radical en Indonésie - ne voit pas particulièrement d'un bon oeil la présence de cette dévergondée sur leur territoire et ce malgré les efforts des producteurs à toujours montrer Maria vêtue d'un hidjab sur le matériel promotionnel et les apparitions publiques. Pour éviter les difficultés, de nombreuses scènes furent tournés à Tokyo plutôt qu'à Jakarta comme prévue.


華麗なるエロ神家の一族~深窓令嬢は電気執事の夢をみるかc (Erotibot) est un film d'action érotique de Naoyuki Tomomatsu, un réalisateur étrange qui nous a déjà gratifié, entre autres, de son amusant "Stacy: Attack of the schoolgirl zombies" et de son insupportable "Eat the Schoolgirl".

Le titre original, que l'on peut traduire plus ou moins par "Est-ce que les héritières rêvent de servant robots érotiques?" est, bien-sûr, une parodie du titre du roman de Philips K. Dick "Do Androids Dream of Electric Sheep?".

Mais la comparaison s'arrête relativement là. Si le roman de Dick offre un peu de matières à réflexions, le film de Tomomatsu en offre, lui, bien peu. C'est une simple petite comédie érotique sans grande prétention.

Ça raconte l'histoire d'une jeune héritière ayant passé toute sa vie seule dans un luxueux manoir, n'ayant de contact qu'avec ses quelques serviteurs robots. À la mort de son père, elle est confrontée à d'autres membres de sa famille qui convoitent, eux-aussi, l'héritage paternel.

Maria Ozawa et Asami Seguira, y jouent les méchantes. Tout comme dans Maid's Secret: Welcome Home , Asami vole la vedette en étant tout simplement une meilleure actrice. Maria Ozawa, encore une fois, livre une interprétation morne et n'est visiblement là que pour la rondeur de sa poitrine.

Erotibot est un film correct, mais sans plus.




Si Maria Ozawa, jusque là, a participé à quelques films non-porno, il s'agit pratiquement toujours, vous l'aurez sans doute remarqué, de softcores, de films érotiques ou de rôle secondaire spécifique à des scènes de sexe. Le premier film japonais à l'utiliser purement en tant qu'actrice sans qu'elle n'ai à s'y déshabiller est TOKYOスピーシーズ (Tokyo Species), un film de Nozomu Kasagi sorti en 2012.

Il s'agit d'un film d'horreur à petit budget; ni grandiose ni franchement mauvais et ni vraiment original, ni non plus suffisamment copié sur Species pour qu'on puisse crier au plagiat.

C'est l'histoire d'une jeune écolière qui se suicide en se jetant en bas d'un pont, mais son cadavre est possédé par une sorte de larve extra-terrestre. Sa meilleure amie d'avant et une chasseuse de monstre venu de l'espace unissent leur force pour arrèter la possèdée - qui tue et pond sans arrèt.

Un bon petit série Z pleins de belles jeunes japonaise en uniforme d'écolière mais des CGI atroces et une trame sonore à la limite de l'insupportable.






Maria Ozawa, du moins jusqu'à présent, ne démontre aucun intérêt majeur pour le cinéma de genre - n'acceptant que des rôles de pitoune qui se met à poil pour des producteurs qui ne veulent qu'avoir son nom au générique.

Elle y joue d'ailleurs sans la moindre conviction. Outre des talents d'actrice ou une quelconque personnalité (elle n'en a, pour autant que je sache, aucune), il ne lui reste qu'un physique impéccable.

Sa beauté est grande, certes, mais c'est insuffisant pour m'impressioner. J'aimerais bien, moi aussi, être un fan de Maria Ozawa, mais pour ça, il va falloir qu'elle y mette du sien!

Et vous, Maria Ozawa, vous en pensez quoi?

February 23, 2012

R.I.P. Lina Romay



Lina Romay (1954 - 2012)


Nous apprenons aujourd'hui le décès de Rosa María Almirall Martínez, mieux connu sous le nom de Lina Romay.

Épouse du réalisateur Jess Franco, elle était une figure importante du cinéma de genre européen.

February 22, 2012

Viewers Vomit: House (I, II, III et III)


The Moon is a Dead World est un blog un peu fourre-tout (comme le mien) mais avec une préférence pour le cinéma d'horreur. Il est maintenu, depuis l'est américain, par Ryne Barber.

Il y organise, mensuellement, un évènement intitulé Viewers Vomit. C'est tout simple: un film est choisi et tous les blogs désireux de participer font un article sur le film en question. Ryne compile alors la liste des articles sur son blog.

J'ai déjà participé à Viewer Vomit par le passé sur Acheter et Entretenir sa Tronçonneuse, je récidive maintenant sur Topless Ninjas. Évidemment, l'exercice est cette fois plus futile puisque la grande majorité des lecteurs de The Moon is a Dead World sont anglophones. L'intérêt principal de ce genre de truc est d'agrandir son lectorat et en ce qui me concerne c'est d'une inutilité quasi-totale.

Néanmoins, je le fais quand même. Au diable le lectorat et qui plus est, si le film concerné par cette sixième édition du Viewer Vomit est House, moi je fais la totale et vais vous entretenir de House, House II, House III et encore House III.



House est une comédie d'horreur américaine de Steve Miner sorti en 1986. Ça raconte l'histoire d'un écrivain, vétéran du Viet-Nam, divorcé d'une pétasse et ayant subi la perte de son enfant qui hérite de la vielle maison ou sa tante s'est suicidée (et aussi celle là même ou son fils a disparu) et y vit toutes sortes d'absurdités.

Les années 80 ont été désastreuses pour la mode vestimentaire, mais fantastique pour le cinéma d'horreur. La fin de cette décennie a vu toutefois s'amplifier un phénomène jusque là relativement marginal: la comédie d'horreur.

Si le tournage au ridicule d'un genre est un signe direct de son déclin (comme les films de zombies aujourd'hui), il reste que certaines de ces comédies ne sont pas totalement à jeter aux ordures.

House est définitivement de celles là.

C'est un film très drôle, les acteurs y sont impeccables et les effets spéciaux - un peu carton-pâte, mais bien faits - sont tout à fait dans le ton un peu burlesque que le film essai de se donner.

Si vous n'avez jamais vu House, il est temps de vous réveiller.




Suite au succès commercial de House, House II: The Second Story sort rapidement l'année suivante. Ce n'est pas vraiment une suite - on y retrouve ni la même maison, ni les mêmes personnages, ni la même histoire. Le seul point commun: Ça commence par un gars qui hérite d'une vielle maison familiale.

Réalisé par Ethan Wiley - un cinéaste-musicien ayant participé aux effets spéciaux de Return of the Jedi et
et écrit le scénario du premier House - ça raconte l'histoire de l'héritier d'une maison qui y éveille la goule de son ancêtre et, avec son aide, tente de récupérer un crâne magique aux propriétés fabuleuses.

Plus film d'aventure que film d'horreur, c'est un film qui se laisse regarder et n'est pas dépourvu de quelques situations comiques, mais, dans l'ensemble, est plutôt nul. Ce fut d'ailleurs relativement un flop commercial.




En 1989 sort un assez bon film intitulé The Horror Show. Il met en vedette Lance Erikson dans le rôle d'un policier et Brion James dans celui de Meat Cleaver Max, un tueur en série particulièrement sanguinaire. Suite à son exécution à la chaise électrique, le tueur revient d'entre les morts sous forme d'impulsion électrique pour rendre la vie du flic un cauchemars.

Pourquoi je vous parle de ça?

Parce qu'en Europe, le film est sorti sous le nom House III. Le film n'a strictement rien à voir, mais c'est ça qu'ils ont fait. "Ils" ce sont les producteurs de la série alors c'est pas un titre non officiel comme le "Zombie 2" de Lucio Fulci.

Contrairement aux deux House précédent, il n'y a pas d'élément comique. C'est une sorte de drame policier d'horreur.

Les deux acteurs principaux, qui jouent fort bien, sauvent le film de son scénario bancale et en font un excellent divertissement.





House IV (ou House III, c'est selon) sort en 1992 dans le plus total désintéret. Réalisé par un illustre inconnu nommé Lewis Abernathy (donc c'est, Dieu soit loué, l'unique film), le film est une daube.

Néanmoins, il a au moins l'avantage d'avoir un quelconque lien puisqu'il reprend le personnage de l'écrivain du premier film. Celui-ci hérite (encore une fois) d'une maison, mais meurt, peu de temps après dans un accident de voiture. Sa femme et leur fille adolescente, devenue paraplégique suite à l'accident, décident de s'installer dans la maison. Malheureusement pour eux, celle-ci a été bâti sur le site d'un ancien cimetière amérindien...

House III ou IV est un film dont il est préférable d'oublier l'existence.



February 21, 2012

Shonen Knife (少年ナイフ)


Shonen Knife est un groupe punk rock japonais formé en 1981 par Naoko Yamano, sa soeur Atsuko Yamano et leur amie Michie Nakatani. Influencées par la vague Surf rock de l'ouest américain - et plus particulièrement l'interprétation un peu plus rebelle qu'en faisait les Ramones - elles jouent un pop-rock amusant qui ne tente d'aucune façon à passer un quelconque message.



30 ans plus tard, seule Naoko est de la formation originale, mais les recrues Ritsuko Taneda et Emi Morimoto font très bien le travail.

Leur musique a relativement peu évolué; c'est toujours un petit punk rock gentil et pas rebelle pour un sou, qui parle (principalement en anglais, mais aussi un peu en japonais) de gâteau au chocolat, de petits chatons et autres insignifiances de la vie de tous les jours.



Certes, l'écoute des Shonen Knife est agréable, mais il n'y a rien la de grandiose. Leur force n'est pas tant dans leur musique un peu simpliste que dans leurs performances live. Un show des Shonen Knife, c'est du pur bonheur.


Surveillez cette page pour un concert près de chez vous et ne le manquez pas!!








February 20, 2012

Les tribus de cannibales


Le mot espagnol "canibal" vient du mot "karibna" qui, en langue des anciens indiens Caraibes, signifie "gens". Les explorateurs de l'époque les croyait anthropophages. Certains savants le croient encore, en particulier les partisans de Marvin Harris, anthropologue controversé de l'université de Floride.

Les peuples Caraibes avaient coutume de conserver, dans leurs maisons, les ossements de leurs ancêtres. Leurs maisons étant des huttes de tailles somme toutes assez réduites, je vous laisse imaginer le décor.

La reine de Castille-et-León, la ravissante Ysabel I, aurait dites aux explorateurs et colons que de massacrer ou réduire en esclavage les tribus pratiquant le cannibalisme était tout à fait acceptable voire même un devoir de chrétien. Avec cette possibilité d'accaparer en même temps les terres et la main d'oeuvre pour y travailler, vous vous doutez bien que ces pauvres tout-nus aux maisons décorée en nécropoles, on a pas trop pris le temps de vérifier si c'était du poulet ou non...

Les sauvages tribus de cannibales aux dents taillées en pointe, donc, ça reste è prouver...

Mais la réalité historique et l'anthropologie, les cinéastes de séries-z italiens des années 1970, ils s'en câlisse pas à peu près.

Les films de cannibales tirent leurs origines des films de jungle des années 30 et 40, en particulier les films de Tarzan. Ce répertoire, déjà, avait exploité tous les thèmes: animaux féroces, amazones, jeune sauvageonne blonde à demi nue et, bien-sûr, les tribus de cannibales. Mais la plus grande influence demeure le film de 1966 The Naked Pray même si celui-ci ne contient pas de cannibales.


Film produit, réalisé et mettant en vedette Cornel Wilde, The Naked Prey raconte l'histoire d'un homme blanc qui, suite à une bévue, est pourchassé par une tribu de zoulous en colères. C'est un excellent film.

Outre ce film, l'influence majeure des films de cannibales italiens sont les films Mondo; sorte de pseudo documentaire exotiques démontrant - de manière souvent fantaisiste - les cultures étrangères.

Mais c'est en 1972 que débute réellement l'explosion cannibale avec Il paese del sesso selvaggio (The Man from Deep River) de Umberto Lenzi.

Largement inspiré par "A Man Called Horse", le film raconte l'histoire d'un aventurier qui se perd quelque part à la frontière de la Thailande et de la Birmanie pour être fait prisonnier par une tribu locale.

S'il est au début maltraité et utilisé comme esclave, il réussit peu à peu à gagner la confiance de ses ravisseurs au point d'en arriver à marier l'une des villageoise (interprétée par la plutôt jolie Me Me Lai, qui sera par la suite une régulière du film de cannibale italien). C'est au moment où il commence à trouver le bonheur qu'une tribu voisine - au moeurs un peu plus sauvage - arrive dans le décor...

Il paese del sesso selvaggio est un assez bon film même si le récit est trop souvent essoufflée par des scènes "chocs" inspirés du courant mondo qui n'apportent finalement pas grand-choses à l'histoire.

Ce film fera partie des fameux "Video Nasties".




Le succès d'Il paese del sesso selvaggio ne fut pas immense, mais suffisant pour qu'une suite se prépare. Mais le chaos qu'était le cinéma italien de l'époque fit en sorte que le résultat final ne fut ni une suite ni, tel que prévu au départ, dirigé par Umberto Lenzi. Ce fut plutôt un film de Reggero Deodato intitulé Ultimo mondo cannibale (Last Cannibal World).

Mettant encore une fois en vedette Me Me Lai dans le rôle d'une femme cannibale qui s'amourache du héros et cherche à le sauver plutôt que de le bouffer, Ultimo Mondo Canibal est un très bon film. Perdant moins de temps en préambules que le précédent, l'action arrive assez rapidement et le film n'est pas avare de scènes assez gore, en particulier celle, très réussi et très convaincante, d'une femme se faisant dépecer, cuire puis manger.


Ce film sera le déclenchement de ce que les érudits du Z appelleront par la suite le "cannibal boom". Les films de cannibales se mettent à pleuvoir.







Cette déferlante de films de cannibales commence la même année (1977) avec le fameux Emanuelle e gli ultimi cannibali (Emanuelle and the Last Cannibals), un film de Joe d'Amato avec Laura Gemser. Là où les films précèdent n'offraient au cinéphile un peu voyeur que de rares et furtifs plans sur de jolies poitrines d'indigènes, D'Amato, fidèle à lui-même, y va pour une dose massive de nudité gratuite et de sexe.

Ça n'empêche pas Emanuelle e gli ultimi cannibali d'être une excellente entrée dans le genre et un des meilleurs films avec Laura Gemser.

Tandis que la journaliste Emanuelle enquête incognito dans un hôpital psychiatrique en s'y faisant passer pour une patiente, elle voit une jeune patiente mordre a pleine dents le sein d'une infirmière. Intriguée, elle la calme en lui caressant adroitement la vulve et apprend que cette jolie blonde vorace aurait été élevée dans la jungle amazonienne par une tribu de cannibales. Avide de scoop, notre reporter intrépide organise une expédition à la recherche de cette tribu.






La formula s'avère gagnante et D'Amato récidive l'année suivante avec Papaya dei Caraibi (Papaya, Love Goddess of the Cannibals), cette fois-ci avec l'actrice Anna Maria Napolitano (mieux connu sous le pseudo de Melissa Chimenti) qui est aussi, a l'époque, une star de la musique disco.

Joe D'Amato n'est pas, lui-même, un grand amateur d'horreur et, par rapport à Emanuelle e gli ultimi cannibali, il réduit ici le cannibalisme au minimum et augmente l'érotisme au maximum. Il s'y caresse beaucoup plus de clitoris qu'il ne se s'y dévore de pancréas.

C'est un film, somme toute, de peu d'intérêt.

Cette même année, 1978, verra deux autres films de cannibales: La montagna del dio cannibale (avec Ursula Andress) et un étrange film indonésien intitulé simplement Primitif.




Jusque là, tous les films de cannibales, sans exception, opposent de "gentils blancs" à des autochtones violents et dégénérés, comme si, en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord, le monde était peuplé uniquement de sauvages sanguinaires.

Avant de crier au racisme, il n'y a qu'un pas, mais en 1980 un film vient changer la donne: Cannibal Holocaust.

Réalisé par Ruggero Deodato - qui avait déjà plus ou moins parti le bal avec son Ultimo mondo cannibale - Cannibal Holocaust renverse la tendance et nous montre des blancs cruels et sans pitiés contre des "sauvages cannibales" qui, eux, ne dérangent personne et ne demandent qu'à vivre leurs petites vies tranquille au tréfonds de la jungle.

La prémisse, bien sûr, est tout aussi erroné, mais au moins ça change le mal de place et ébranle un peu les stéréotypes.


Cannibal Holocaust n'est pas seulement le meilleur film de cannibales, c'est aussi l'un des meilleurs films d'horreur de tous les temps.





Tandis que l'Italie révolutionne le genre avec Cannibal Holocaust, la France, grâce aux studios d'Eurociné et de son génial réalisateur Jess Franco, le fait descendre à un niveau de médiocrité que personne ne pouvait soupçonner.

Les cannibales (White Cannibal Queen) est un film d'un ridicule ahurissant. Il réussit pourtant à divertir quand même grâce au sens de l'esthétique dans l'absurde de son réalisateur, a l'excellent jeu d'Al Cliver - toujours professionnel, peut importe la daube dans lequel il joue - et à la beauté incroyable de Sabrina Seggiani qui, même si elle n'a que 17 ans, se trimballe presque à poil pendant pratiquement tout le film.

La même année, Jess Franco réalise aussi Il cacciatore di uomini (Sexo Cannibal).


Toujours en 1980, Umberto Lenzi nous présente Mangiati vivi! (Eaten Alive by the Cannibals!), qui sonne aussi le retour de notre cannibale préférée: Me Me Lai.

La force de Cannibal Holocaust, en quelque sorte, a fait souffrir le genre; les films cherchent maintenant à se démarquer par tous les moyens possibles. Umberto Lenzi le fait ici en ajoutant une bonne dose de viol et autre sévices sexuel à son film. Le résultat est un film intéressant, mais la trop grande recherche de simple "shock value" et la réutilisation abusive de scènes d'autres films de cannibales en font une entrée relativement banale dans le genre.

Cette même année 1980 - définitivement l'année la plus prolifique en films de cannibales de l'histoire - vit aussi deux autres films; une parodie du genre, We're Going to Eat You, de l'excellent réalisateur chinois Tsui Hark et une autre érotiquerie de Joe D'Amato intitulée Orgasmo Nero et mettant cette fois-ci en vedette Lucia Ramirez. J'adore Lucia Ramirez, mais ce film là est plutôt ennuyant.



Après cette année prolifique (pas moins de neuf films de cannibale juste en 1980), 1981 s'avère plus tranquille avec seulement deux films. Terror Caníbal, est un film français d'Alain Deruelle et n'est pas grand-chose d'autre qu'un remontage de scènes piquées à Jess Franco. Le second obtiendra plus de notoriété puisqu'il s'agit du fameux Cannibal Ferox (Make Them Die Slowly!) d'Umberto Lenzi.

Supposé être le deuxième meilleur film de cannibale après Cannibal Holocaust, il est aussi supposé être le film le plus violent jamais tourné et être banni dans 33 pays (ce qui lui vaut une mention dans le livre des records Guinness).

Mais rendu là, le film de cannibale est déjà essoufflé. Cannibal Ferox n'apporte rien de nouveau sinon encore plus de scènes choc et d'animaux inutilement massacrés pour la gloire du série-Z.

Déjà, le "Cannibal boom" tire à sa fin.





Schiave bianche: violenza in Amazzonia (Amazonia: The Catherine Miles Story) de Mario Gariazzo sort en 1984. Il met de côté les éléments choc des films précédents et tente plutôt de raconter l'histoire (supposément vraie) d'une jeune femme blonde kidnappée par une tribu primitive. Si on a pris soin de bien filmer les seins et les fesses de notre blondasse et ses amies sauvageonnes, le film en demeure un peu long et ennuyant.

Ça se poursuit sur la même veine l'année suivante avec Nudo e Selvaggio (Massacre in Dinosaur Valley), un autre film qui profite éhontément du contexte "jungle" pour mettre toutes les actrices à poil (ou presque).

Nudo e Selvaggioiop, quand même, a le mérite de se prendre moins au sérieux que le précédent et dégage une ambiance série-z agréable. On sent toutefois le genre est totalement épuisé. La serviette a tellement été tordue qu'il n'en sort plus la moindre goûte.


Natura contro (Against Nature) sort en 1988 et apporte le point final. Réalisé par Antonio Climati, un expert du documentaire mondo, le film renoue avec le style des débuts mais l'énergie n'y est plus et le public en a marre. Malgré la tentative d'en mousser les ventes en l'affublant du titre mensonger "Cannibal Holocaust II", le film est un flop.

Par la suite, seul Bruno Mattei osera s'attaquer au genre avec deux films: Nella Terra dei Cannibali et Mondo Cannibal tout deux sortis en 2003.

Il ne s'est pas fait que des chefs-d'oeuvre, mais cette époque du cinéma est unique. Les moeurs modernes et la politically correctness typique de notre société en rend la réalisation de nouveau impossible. Mais c'est peut-être très bien ainsi.

Le cannibale primitif vivant dans le tréfonds inexploré de la planète ne fait plus peur. Celui qui effraie, maintenant, c'est celui qui est en ville, qui porte un veston et une cravate et est peut-être votre voisin.

C'est de lui, aujourd'hui, dont le cinéma se préoccupe.