March 4, 2012

Les zombies après George: L'Italie

Cet article fait suite aux précédents:
  1. Les zombies avant George
  2. Les zombies de George


1978. George Romero sort Dawn of the Dead. C'est un succès immédiat. Pas seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe. En Italie, il sort sous le titre "Zombi".

A cette époque, les Italiens étaient très fort en création, ultra rapide et à budget réduits, de rip-off de films à succès. Dawn of the Dead (Zombi) ne devait pas échapper au phénomène et on confia la tâche à Lucio Fulci.

Déjà âgé de 52 ans, Fulci est un cinéaste d'expérience, mais il a, jusqu'alors, travaillé essentiellement dans la comédie (il est responsabl9e de la plupart des "Franco & Ciccio"), le giallo et le western. C'est son premier véritable film d'horreur avec créatures.

Il crée, rapidement, Zombi 2. Si le titre suppose une suite au film de George, il s'agit plutôt d'une préquelle; le film cherche à expliquer l'origine de la contamination et, pour ce faire, retourne à ses origines Voudou. Fulci avouera plus tard s'être inspiré beaucoup plus de Jacques Tourneur que de George Romero.

Ses zombies sont aussi très différents. Là ou ceux de Romero ne sont ques des goules au teint livide et verdâtre, ceux de Fulci sont de répugnants cadavres ambulants avec des vers et la peau qui se détaches

Zombi 2 fait un peu dans l'incohérence, mais grâce à des scènes mémorables (un combat entre un zombie et un requin, un morceau de bois qui entre dans un oeil.), à la musique électronique - mais appropriée - de Fabio Frizzi, à des acteurs principaux compétents (Al Cliver, Ian McCulloch...) et a pleins d'autres petits détails, c'est un succès et le film devient tous aussi culte que l'original dont il est supposé être une moindre copie.






Suite au succès de Zombi 2, Fulci récidive l'année suivante avec Paura nella città dei morti viventi (City of the Walking Dead). Se détachant encore une fois de Romero dans l'ambiance, il s'agit cette fois d'un thriller surnaturel ou les zombies ne sont que la culmination d'une série d'évènements surnaturels dont une incroyable pluie de petits vers blancs.

Malgré une réalisation soignée et quelques scénes mémorables, le film est cependant, dans l'ensemble, plutôt médiocre.

Le second chef-d'oeuvre zombiesque de Lucio Fulci arrive l'année suivante: ...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà (The Beyond). D'inspiration fortement lovecraftienne et avec des zombies qui n'y sont, encore une fois, qu'un élément parmi d'autres et non pas l'élément principal, ...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà est un film surréaliste à l'ambiance soignée.

Ça fait deux fois en ligne que Fulci nous fait le coup des zombies qui sortent parce qu'une porte de l'enfer a été ouverte mais ça ne l'empêche pas de sortir, toujours en 1981, Quella villa accanto al cimitero (The House by the Cemetery) qui est exactement la même chose.

Ces trois films forment une sorte de trilogie thématique. Le meilleur demeure sans contredit ...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà.

En 1982, Fulci sort Manhattan Baby. C'est son cinquième film en trois ans et l'inspiration doit commencer à lui manquer parce que celui là est d'un ennui mortel. Les zombies y sont, encore une fois, secondaire, l'histoire étant plutôt celle d'un archéologue américain qui revient a New-York avec sa fille qui a été possédée par l'esprit d'une momie égyptienne (ou quelque chose comme ça parce que c'est assez confus...).

Suite à ce quelconque Manhattan Baby, Fulci quitte les zombies pour quelques années et ne revient au genre qu'en 1988. À cette époque, cependant, sa santé ne va pas fort. Il débute la production de Zombi 3 - enfin un vrai film de zombies - mais la chaleur tropicale ne lui fait pas de bien. Il doit quitter le projet et est remplacé par Bruno Mattei. Il n'existe pas meilleure façon de gâcher un projet de film que d'y mettre Bruno Mattei à la barre.

Zombie 3, qui est considéré par Bruno Mattei lui-même comme un film de Fulci, fourni à l'amateur de zombies à l'italienne ce qu'il demande, mais sans plus. Le génie et l'ambiance particulière de Zombie 2 n'y est pas.

Ça sera le dernier film (de zombies) de Lucio Fulci avant sa mort en 1998.

Si Lucio Fulci est incontestablement le grand-maitre du zombie italien - surtout à cause de son Zombi 2 - il est loin d'être le seul. À partir de 1980 une pluie de films de zombies s'abat sur l'Italie.


Le notti erotiche dei morti viventi (Erotic Night of the Living Dead) est, comme son nom l'indique, un film érotique de zombie. C'est un film de Joe D'Amato avec Laura Gemser et George Eastman.

Ça raconte l'histoire d'un promoteur immobilier qui se rend sur l'ile qu'il vient d'acheter dans le but d'y construire un complexe hôtelier et y rencontre un chaman, sa mystérieuse fille et, ultimement, une horde de zombies.

Évidemment c'est un film de Joe D'Amato et par conséquent, on y retrouve beaucoup plus d'escapades lesbiennes que de zombies mais ça demeure quand même un assez bon petit film. C'est même un de mes préférés de toute cette vague de zombies à l'italienne.





Virus - l'inferno dei morti viventi (Virus: Hell of the Living Dead) est un film de Bruno Mattei mettant en vedette l'actrice et playmate italienne Margit Evelyn Newton. Comme la plupart des films de Bruno Mattei, c'est un navet confus et bourré de stock footages.

Pourtant, l'idée de départ de l'auteur, Claudio Fragasso était bonne: un virus conçu par les occidentaux pour éliminer le tiers-monde en les faisant s'entre-bouffer. Mais l'insuffisance du budget, une série de malchance et l'incompétence de Mattei ont tôt fait de transformer un projet intéressant une daube incroyable.

Seules quelques rares scènes avec Margit Evelyn Newton topless empêche l'auditoire de mourir d'ennui.


Virus: Hell of the Living Dead était une incroyable daube, mais encore plus incroyable est qu'il y a pire: Incubo Sulla Cittá Contaminata (Nightmare City). Sorti la même année (toujours 1980) et réalisé par Umberto Lenzi, on est en droit de se demander a quoi il a pensé!

Incubo Sulla Cittá Contaminata, c'est aucun scénario cohérent, des zombies qui ont l'air de s'être mis la face dans leur platée de gruau, des scènes qui ne font aucun sens et des acteurs qui donnent l'impression d'en avoir absolument rien à foutre (on les comprend un peu quand même).

Seul les complétistes du film de zombies italiens les plus rigoureux ne devraient subir cette atrocité!


Toujours en 1980 sort Zombi Holocaust (Dr Butcher, M.D.), un autre de mes favoris et qui est pratiquement une copie de Zombi 2; pratiquement la même histoire, les mêmes acteurs et exactement les mêmes décors.

La principale différence est que son réalisateur, Marino Girolami, y ajoute une tribu de cannibales. 1980, en Italie, la mode n'est pas seulement aux zombies, elle est aussi aux films de cannibales. Girolami fait une pierre deux coup!

Se prenant moins au sérieux que Zombi 2, Zombi Holocaust est plus conscient de son statut de film Z et ne se gêne pas pour y aller de dialogue absurde et de scènes qui ne font aucun sens.

À noter que la version américaine (intitulée Dr Butcher, M.D.) y propose une trame sonore différente et quelques scènes en moins (principalement celles ou Alexandra Delli Colli y est à poil, ce qui est un peu dommage)


Après cette année 1980 faste, 1981 s'avère plus tranquille. Outres les deux films de Fulci précédemment cités ...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà et Quella villa accanto al cimitero, un seul film de zombie sort des studios italiens.

C'est Le notti del terrore (Burial Ground: Nights of Terror) d'Andrea Bianchi avec Peter Bark et Karin Well.

C'est un film assez médiocre, mais qui se démarque par la performance assez exceptionnelle de Peter Bark, qui est un nain, et qui interprète ici le rôle d'un enfant amoureux de sa mère.


L'année 1982 ne sera guère plus fertile. Le boom du zombie italien, déjà, tire à sa fin.

Outre le Manhattan Baby de Fulci, qui n'est pas très bon, un giallo de Sergio Martino avec quelques zombies, Assassinio al cimitero etrusco (Scorpion with Two Tails) et un pathétique porno avec zombie de Mario Siciliano intitulé Orgasmo esotico.

En 1985 ne sort que Io zombo, tu zombi, lei zomba, une comédie de zombie racontant son histoire du point de vue des zombies. Faudra alors attendre cinq ans pour que n'arrive, en 1988, le fameux Zombi 3 de Fulci terminé par Mattei et l'étrange Uccelli assassini (Killing Birds) de Claudio Lattanzi ou les zombies ne font qu'une courte apparition à la toute fin du film.

After Death (Oltre la morte) sort en 1989 et met en vedette l'acteur porno gay Jeff Stryker.

Peu importe les circonstances, Jeff Stryker est incapable d'avoir l'air de quoi que ça soit d'autre que d'un acteur de porno gay... Pour cette raison et une poignée d'autres, After Death (Oltre la morte) demeure un film amusant; mais souvent
pour les mauvaises raisons.

After Death est la pierre finale de cette vague de zombiisme italien. Cette vague aura surtout engendré des daubes incroyables, mais aussi quelques trésors.

C'est pourtant quelques années plus tard, alors que l'on attend plus rien qu'un petit miracle se produit...


Dellamorte Dellamore (Cemetery Man) est un film de Michele Soavi avec Rupert Everett, François Hadji-Lazaro et Anna Falchi. À la fois horrifique, drôle et surréaliste, c'est un film aussi génial qu'inattendu.

Ca raconte l'histoire d'un gardien de cimetière, de son assistant trisomique et de leurs histoires d'amour avec des morts qui, curieusement, sortent de leurs tombes.

Dans un style totalement différent de la vague précédente, Dellamorte Dellamore surprend par la qualité de son scénario (écrit par Gianni Romoli et basé sur un roman de Tiziano Sclavi) et l'excellent jeu des acteurs (le chanteur français François Hadji-Lazaro membre des groupes Pigalle et Les garçons bouchers s'y avère particulièrement excellent dans son rôle d'assistant mongoloïde).





Et pour terminer en beauté, deux petits navets de Bruno Mattei sorti respectivement en 2006 et 2007, Zombi: La creazione (Zombies: The Beginning) et L'isola dei morti viventi (Island of the Living Dead).

Mettant tout deux en vedette la plutôt jolie actrice d'origine Philipine Maria Aurora Yvette Chio Dimao (mieux connu sous le nom d'Yvette Yzon), Bruno Mattei tente de renouer avec le style et l'ambiance des films de zombies italiens de l'âge d'or et, étrangement, réussi assez bien.

Certes, c'est du Bruno Mattei, avec son lot d'incohérences et d'utilisation abusive de stock footage, mais ça se laisse regarder sans peine et même avec un certain plaisir...


Et vous, quel est votre film de zombies italien préféré?

7 comments:

  1. Premier truc : continue les articles de fond comme celui-ci, c'est passionnant.
    Deuxième truc : faire apparaitre les commentaires récents quelque part sur la droite du blog par ex, ce serait pas une bonne idée ? Enfin tu fais comme tu veux.

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  2. euh je me rappelle pas de zombies dans "manhattan baby". En tout cas, les meilleurs films de zombies Italiens sont ceux de Bruno Mattei pour le coté rigolade et aussi le tout récent "eaters rise of the dead".

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  3. Oli: merci et c'est fait!

    Locutus57: En fait il y en a mais si peu que j<araus meme pas du le mentionner ici...

    Ca aurait ete mieux de parler de Eaters mais je ne savait meme pas qu'il existe!

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  4. Oui c'est ce que je me disais. En même temps, je crois m'être endormi dans ce film tellement c'était mauvais ^^

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  5. "L'avion de l'apocalypse" c'est pas italien ? En tous cas je cherche désespérément à le revoir mais je le trouve pas !

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  6. L'avion de l'apocalypse, c'est "Incubo Sulla Cittá Contaminata"

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  7. Ah bah j'avais même pas fait le lien entre les deux films...

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