February 9, 2012

Eurociné

BAP Films était une compagnie de production française fondée en 1937 et spécialisé dans le cinéma à petit budget.

On leurs doit quelques films dont relativement personne n'a jamais entendu parler comme Monsieur Breloque a disparu et Master Love. Vers la fin des années 50, la compagnie ne va pas très bien, mais elle est tout de même racheté par un certain Marius Lesoeur qui la renomme Eurociné.

Sous la gouverne de Lesoeur, que vous le vouliez ou non, Eurociné fait sa marque dans l'histoire du cinéma français. Notez bien que je dis "sa marque", mais en réalité c'est plutôt une tache.

Maintenant dirigé par Daniel Lesoeur (le fils de Marius, mort en 2003 sans que Les Cahiers du Cinéma ne daignent en parler), Eurociné ne produit, malheureusement, plus rien, se contentant uniquement de faire la distribution des oeuvres de sa belle époque en DVD.



La saga Eurociné débute lentement avec des films de Zorro semi-érotique et des western tournés en Espagne. Mais c'est en 1961 que se produira une rencontre qui fera un déclic: Marius Lesoeur rencontre l'espagnol Jesús Franco Manera.

La relation Lesoeur - Franco ne sera pas de tout repos et notre bon Jess claquera la porte de la société à plusieurs reprises, mais il reviendra toujours et sera, jusqu'au milieu des années 80, le réalisateur le plus régulier et le plus prolifique de la société.

Eurociné, pour Jess Franco, est pas mal la seule place ou on lui donne carte blanche pour ses idées les plus folles et les plus déviantes et de leur union naitra d'incontournables chefs-d'oeuvre du mauvais goûts.



Outre Jess Franco, un autre réalisateur important de chez Eurociné est Jean Rollin qui y prendra entre autre la relève de Franco (ayant, justement, claqué la porte) pour le tristement célèbre Le lac des morts-vivants.

Rollin, grand amateur de pseudonymes n'utilise son nom véritable que pour ses oeuvres personnelles. Il est connu la-bas sous le nom de J-A Lazer. Il n'y réalisera, au final, pas grand-choses, ses talents étant surtout réservé au tournage de scènes additionnelles pour d'autres films, dans le but d'en étirer la durée ou en augmenter la teneur en érotisme.


Le style des films d'Eurociné variera avec le temps selon les modes et les films populaires, mais seront pas mal toujours réalisés avec des budgets de misère et bourrés d'érotisme ridicule et de nudité gratuite.

Les pré-requis d'embauche de la compagnie semblent être, pour les hommes, de ressembler - même vaguement - à un acteur célèbre et pour les femmes d'accepter de se mettre à poil pratiquement tout le temps.

Dans l'ensemble, le catalogue de la compagnie n'est qu'un ramassis de merdouilles visuelles. Reste que, d'une certaine façon et pour qui sait les apprécier, ce sont quand même de petits chefs-d'oeuvre.

Eurociné ont cessé de produire vers le milieu des années 80 - comme bien de petits producteurs indépendant à travers le monde - incapable de lutter contre la télévision et les salles de cinéma qui, déjà, effectuent leurs métamorphoses vers le cinéplex.

Pourtant, aujourd'hui, l'avènement du numérique et la baisse des coût de production qu'elle occasionne jumelé à un ras-le-bol généralisé d'une bonne partie du public pour le cinéma mainstream mielleux et dépourvu d'imagination cause une réapparition de petites compagnies nanardeuses comme Seduction Cinema aux États-Unis ou Zen Picture au Japon.

Le temps ne serait-il pas venu pour Eurociné de remettre les caméras en marche?

Un collaborateur non-identifié des Lesoeur aurait un jour dit « Le pire, c'est qu'ils croient vraiment qu'ils font du cinéma ». Et bien moi je lui répond « Oui, môsieur, ils en faisaient. Et, moi, j'espère qu'ils en feront encore! ».

Le cinéma actuel manque cruellement de tribus d'Amazones à poil vous ne trouvez pas?


2 comments:

  1. C'est clair que ca serait bien si Eurociné continuait à des faire des films.
    En tout cas, il y a encore plein de titres à eux qui ne sont pas sortie en dvd. Moi je veux tous les voir ^^

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  2. Moi aussi!! Mais c'est tout u défi...

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